Interviews — 29 novembre 2013

« Du blues des années 20 au hip hop des années 90, il n’y avait qu’un pas, et quelques accords à jouer. Sur trame de fond de groove enivrant du basse/bassiste Jamo et le Pap’s, Slim Paul, le guitariste bluesman et Antibiotik, le scratcheur rappeur confrontent les générations, mêlant deux langages, deux cultures et deux instruments que rien n’attirait… »

Quand la (seule) inventivité de la scène musicale puise dans la mixité géo-culturelle et tradi-électronique  (de plus en plus) convenue, la musique de Scarecrow dénote et s’accompagne, visuellement, de l’ambiance complètement assumée d’un far-west aux couleurs sépia. On est jeté sur les routes, entre les champs de coton et les baraques , pour épouser le combat urbain de nos contemporains, dans le même course à la liberté, en texte et en musique.Même désir enraciné dans la culture noire américaine, ils ne viennnent pourtant pas de loin. Héritiers et fondateurs, Toulousains et fiers de l’être, les musiciens de Scarecrow ne cultivent pas l’auto-complaisance, malgré la reconnaissance unanime de leur talent de la part du milieu musical européen. Borsalino et guitare pour l’un, capuche et platines pour l’autre, rencontre avec les charismatiques Slim Paul et Antibiotik.

Bues et hip hop, même combat ?

En effet, il y a beaucoup de choses qui font que c’est le même combat. Le blues et le hip hop ont poussé sur le même terreau social et la même envie de s’exprimer. Ils représentent deux évolutions musicales majeures du XX ème siècle, avec des références vestimentaires, plastiques et sociétales fortes, dépassant la seule dimension musicale. Deux générations séparent le blues et le hip hop mais les deux courants se ressemblent au niveau musical, avec des morceaux construits « en boucle ».

Comment vous êtes-vous rencontrés et comment Scarecrow a-t-il trouvé son style ?

Nous nous sommes totalement et uniquement rencontrés par le biais de la musique, à Toulouse. Nous avons ressenti la même évidence et nous nous sommes retrouvés autour des mêmes cultures musicales, qu’elles soient issues du rock ou du hip hop. Nous avons créé cet équilibre en travaillant sur deux courants, que nous avons voulu confronter, et associer. Grâce à ça, on peut naviguer dans des atmosphères et des ambiances différentes. Le blues prend aux sentiments, avec un côté charnel, et le hip hop amène sa cassure, une autre dynamique, un décalage. C’est le live qui développe Scarecrow. Au fil des concerts, nous créons cette symbiose entre deux styles et on touche du doigt ce qu’on voulait entendre.

Vous souvenez-vous de votre premier concert ?

Oui, c’était au Jour de fête, à Toulouse. Ce bar était un véritable laboratoire mais depuis l’interdiction de fumer dans les bars et les plaintes pour gênes du voisinage, il est presque impossible maintenant pour un bar de faire des concerts. C’est difficile de savoir comment ça a commencé. La ville vit toujours la nuit, mais il n’y a plus la même liberté.

Vous revendiquez une musique « indépendante ». Acceptez-vous certains compromis ?

Scarecrow n’a pas de leader et personne n’arrive avec sa chanson. Alors forcément, nous sommes un groupe de compromis. Sur le plan ‘commercial », nous gardons notre but: faire ce qu’on a envie de jouer. Face à une industrie du disque « décrépissante », on se bat contre ce monde qui te prend et te maîtrise pour passer sur TF1. Bien sûr, si le groupe bénéficie d’une certaine visibilité, il y aura davantage de dates de concerts. On joue à ce jeu en suivant notre propre désir. Nous ne tirons pas de plan sur la comète et tant que nous aurons une guitare… ou une souris entre les mains, tout ira bien. Après, on verra… Nous voulons rester des artisans du son et vivre les choses tant qu’elles se présentent.

Vous jouez ce soir à l’AlamZic, à Bagnères et le concert est organisé par le Cartel bigourdan. Comment se passe l’accueil ?

Nul !! On nous avait « vendu » de la neige et des femmes, il n’y a rien de tout cela !! (rires…) L’accueil est vraiment très bon et le public viendra. Quand il n’y a pas autant de concerts que dans une grande ville, le public est prêt à se déplacer et dans ce cadre-là, c’est inévitable, il se passe toujours quelque chose de très bon !

www.blueshiphop.com

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